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 A la demande de l'Université de Padoue, l'équipe de recherche ArtesMechanicae a créé une réplique du microscope composé d'Eustachio Divini, construit en 1672, comme l'indique la gravure sur le trépied en laiton. L'instrument original, actuellement le seul microscope existant connu de ce type, fait partie de la collection du Musée d'Histoire de la Physique de l'Université de Padoue. Un spécimen similaire a été présenté à la Royal Society et décrit dans Philosophycal Transaction en 1668.

Il s'agit d'un instrument très singulier : son « corps télescopique est constitué de quatre cylindres coulissants, celui du bas présentant une vis pour permettre le réglage en hauteur de l'ensemble de l'instrument. Le même tube inférieur soutient l'objectif. Cet instrument est le seul de cette taille construit par Divini : complètement déployé, il a une longueur d'environ 50 cm. Les lentilles ne sont plus là, donc la réplique, dans une perspective philologique, a été limitée au corps de l'instrument et aux décorations extérieures.

Deux choix fondamentaux ont été faits. Le premier était de ne pas reproduire l'instrument avec les signes caractéristiques d'usure et de vieillissement afin de parvenir à une véritable réplique dans les moindres détails, mais clairement distincte de l'original.

Le deuxième choix était de réaliser la structure interne non avec du carton, comme l'original, mais en utilisant une résine moulée dans des formes cylindriques grâce à un processus de prototypage rapide. L'utilisation d'un matériau inconnu au XVIIe siècle permet aussi d'identifier clairement le microscope comme une réplique. De plus, le matériau fritté présente l'avantage de meilleures caractéristiques mécaniques, ce qui permet en même temps un contrôle dimensionnel approchant le centième de millimètre.

A partir de ces prémisses, l'attention s'est portée sur les parties externes, dans le but de les reproduire avec une précision philologique.

Une étude photographique détaillée de la surface extérieure a été faite, visant à la reconstruction des textures des décorations. A partir de cela, un premier modèle 3D de l'instrument a été fabriqué par le logiciel " 123D Catch" d'Autodesk. Le modèle a ensuite été affiné grâce à un relevé dimensionnel précis.

 

Analyse des matériaux et des finitions :​

Le matériau de revêtement de l'instrument d'origine est en parchemin. Néanmoins, il a été décidé d'utiliser du cuir, parce qu'un parchemin adapté, suffisamment souple pour être facilement enroulé sur des cylindres d'un diamètre inférieur à 10 cm avec un résultat stable dans le temps n'est pas disponible de nos jours.

La conception finale et la disposition exacte des décorations ont été réalisées grâce à un logiciel de dessin vectoriel.

Les décorations en feuilles d'or ont été faites par un artisan spécialisé qui a décidé de procéder à la main à partir d'un ensemble de clichés. Les décorations ont été réalisées à plat, en dépit du fait qu'une analyse précise de l'instrument original ait conduit à la conviction qu'au moins une partie de la décoration a été faite alors que le revêtement était déjà appliqué sur les tubes ; la décoration se poursuit, en effet, de manière continue sur les jonctions.

Les parties en bois ont été faites avec du buis, puis finies à la cire afin d'obtenir des textures finales telles que celles que l'on trouve sur l'original. Les pièces en bois d'origine ont en effet quelques grains artificiels très marqués, peut-être réalisés plus tard ; Les télescopes de Divini au Museo Galileo de Florence n'ont  pas une telle texture, montrant, au contraire, la couleur naturelle du buis. Un point intéressant a été la difficulté de trouver un morceau de buis avec un diamètre approprié, près de 90 mm​​. Des arbres de cette dimension ne sont presque plus trouvables en Europe, car il faut une centaine d'années pour un buis pour atteindre un diamètre d'une dizaine de centimètres. C'est donc du buis brésilien, une variété plus tendre, qui a été utilisé à la place.

Le tube inférieur présente à l'extérieur une vis, une bande de cuir enroulé en forme de spirale; le filetage femelle en papier et carton est soutenu par un laiton trépied. Ce système de regulation permet des déplacements verticaux précis.